Observatoire Cezam-Aura #2 : quelles bonnes postures de l’élu de CSE ?
Dans notre article précédent, nous avons détaillé les difficultés que rencontrent les représentants du personnel, telles qu’elles ont été évoquées durant les deux jours de l’Observatoire Cezam-Aura. Nous poursuivons ces retours en évoquant les pistes pour franchir ces obstacles : panorama des postures de l’élu de CSE, à adopter pour accomplir ses missions au mieux.
Fusion des instances représentatives du personnel, nouvelles missions et nouvelles règles de fonctionnement, distanciation induite par la crise sanitaire et problématiques SSCT inédites… Comme nous l’avons vu ici, vos comités n’ont pas eu la tâche facile ces trois dernières années. Quelles postures l’élu de CSE doit adopter pour y faire face ? Les conférences, tables rondes, ateliers et témoignages d’élus ont apporté de nombreuses pistes.
Ces postures indispensables sont d’abord à trouver dans les bons réflexes à avoir pour l’organisation collective. Ils sont de trois ordres :
- Avoir confiance : aussi bien en soi qu’en son équipe, ce qui est essentiel pour faire face à la direction et défendre au mieux les intérêts des salariés représentés ;
- Déléguer : une fois que l’on se fait confiance, on peut admettre que chaque élu porte sa part du collectif ; il devient alors plus facile de se répartir les tâches et les missions, par exemple en créant différentes commissions ; cela va éviter de « crouler sous le travail » et permettra de souder encore plus l’équipe.
- Se former : devant ces missions de plus en plus nombreuses, même réparties dans l’équipe, le besoin de formation apparaît de plus en plus évident pour comprendre les attributions du mandat et les exercer au mieux.
Savoir-faire et savoir-être
Mais au-delà de ces mécanismes renforçant le collectif, chaque élu doit s’interroger sur son attitude individuelle : les participants des ateliers, qui adoptent plus ou moins facilement ces bonnes postures, en ont témoigné. L’élu efficace est celui qui fait preuve d’écoute, d’empathie et de bienveillance, mais il est aussi curieux, volontaire, courageux, voire audacieux. Il montre des capacités à animer une réunion ou à négocier.
Une problématique forte pour beaucoup de nouveaux élus est aussi de parvenir à dissocier la position d’élu – représentant des salariés – lors des réunions de CSE, de celle de salarié qui, en tant que tel, se situe dans un lien de subordination avec l’employeur.
Certains aspects relevés en atelier, soit par les animateurs de Syndex, soit par des élus, font écho avec des éléments particulièrement importants que nous relevons dans nos interventions auprès des CSE : le fait de savoir travailler en équipe et de maîtriser le travail collectif, mais aussi, ce qui n’est pas facile lorsque le temps manque et que les sujets s’accumulent, de se projeter sur la durée du mandat pour concevoir et mettre en place une stratégie de travail et, pour l’accompagner, un parcours de formation d’élu.
Valoriser son parcours d’élu
Justement, parlons formation… Car il en a beaucoup été question, notamment en atelier, au moment où les élus ont eu la possibilité de se confier sur leurs besoins en compétence et leurs aspirations d’élu idéal.
Ce qu’il en ressort – et c’est peut-être l’idée la plus inattendue que nous avons retenue de tous ces échanges – c’est que la professionnalisation du mandat d’élus de CSE doit aujourd’hui correspondre à un parcours professionnalisant. Depuis la loi Rebsamen, un cadre juridique favorable permet aux élus de se former et des organismes de formation proposent des certifications d’acquis.
Il s’agit d’un enjeu de taille pour l’évolution professionnelle des élus qui s’engagent. Durant la durée de leur mandat – ou de leurs mandats – ils ont la nécessité de monter en compétences, mais cette nécessité apparaît aussi comme une opportunité.
Hier, les représentants du personnel pouvaient consacrer le parcours d’une vie professionnelle entière à évoluer dans cette fonction : de délégué du personnel à représentant syndical, puis membre du CSSCT, élu de comité d’entreprise… Aujourd’hui, la fusion des instances et la limitation du nombre de mandats ne le permet pratiquement plus, mais l’engagement peut aussi favoriser une évolution dans l’après-mandat. Car il aura permis une importante montée en compétence que l’élu pourra valoriser, que ce soit par une évolution de poste ou même, par exemple, en accédant au concours d’inspecteur du travail… Une autre façon de se tenir aux côtés des salariés.
Mais au-delà de la posture personnelle de l’élu, nous avons encore une piste à explorer : le CSE peut faciliter l’accomplissement de ses missions en sachant bien s’entourer. C’est que nous aborderons dans notre troisième et dernier article consacré à l’Observatoire Cezam 2021.
Pour faire face aux problématiques de plus en plus complexes auxquelles ils sont confrontés, les élus de CSE doivent adopter des postures qui leur permettront de s’organiser pour remplir leurs missions. La première règle est d’avoir confiance en soi et en son collectif. Les autres en découleront :
- déléguer et se répartir les tâches entre élus,
- se former sur le fonctionnement de la nouvelle instance et sur les différents aspects de ses missions,
- veiller à améliorer ses savoir-être : écoute et bienveillance, curiosité, volonté, capacité à négocier ou animer une réunion…
Il est important pour l’élu de monter en compétence, ce qui pourra être valorisé dans le parcours professionnel, y compris dans l’après-mandat.